Réponse d’un des fondateurs de Clevermate à Slate.fr 

Associée au phénomène ultralibéral d’«ubérisation » et accusée de favoriser les inégalités scolaires par le journal Slate.fr, la plate forme de cours particuliers, Clevermate.fr partage ici sa vision de l’accès à l’éducation ainsi que les pistes pour le faciliter. En sélectionnant ses étudiants dans les meilleures formations (grandes écoles, agrégés, médecine…) et en s’appuyant sur l’outil numérique pour réduire les coûts de transaction, Clevermate a pour objectif de démocratiser un service autrefois réservé aux plus aisés.

Le terme d’ubérisation est aujourd’hui présent dans toutes les bouches et servi à toutes les sauces sans réellement savoir ce qu’il implique. Ainsi, apposer ce terme pour qualifier les nouveaux acteurs du soutien scolaire escamote une réflexion sérieuse sur les causes et jette l’opprobre sur des initiatives privées qui cherchent à satisfaire une demande réelle. Non, les start­-ups des cours particuliers ne sont pas à l’origine des inégalités scolaires et en sont encore moins un catalyseur. Trois éléments doivent être évoqués afin de bien analyser les solutions apportées par ces start-­ups et d’éviter tout maladroit lien de causalité.

uberisation de l'éducation

Il convient en premier lieu de rappeler que l’existence du marché des cours particuliers précède nos start­-ups depuis de (très) longues années. Ce marché était à la fois informel ­ grâce aux petites annonces de cours particuliers de maths par exemple, déposées chez les petits commerçants ­ et formel ­ avec l’existence d’organismes aux tarifs élevés, dans un pays champion d’Europe du soutien scolaire. Ces start-ups se positionnent comme entreprises de réseau consistant à mettre en relation des gens qui offrent un service avec ceux qui en ont besoin. Que la demande résulte d'”une appréhension subjective” des parents ou des carences du système éducatif, quel mal y aurait-il à le satisfaire ?

Face à un système scolaire à la fois compétitif et en peine à assurer à tous une véritable égalité des chances, la demande de cours particuliers est croissante ces dernières années et diversifiée : ils ne sont plus l’apanage des ménages aisés. Ainsi, 65% des parents ayant déjà eu recours au soutien scolaire appartiennent à des professions intermédiaires, sont employés ou ouvriers (IFOP).

« Il paraît maladroit de considérer qu’un secteur représentant 40 millions d’heures de cours soit réservé à une fraction de la nation. Les familles aisées n’ont pas eu besoin de Clevermate  pour recruter des étudiants de grandes écoles pour donner des cours à leurs enfants. Nous ouvrons et facilitons ce service à un grand nombre. Le système public produit des étudiants très qualifiés et l’objectif de Clevermate est de rendre ces compétences accessibles à tous. »

Jean, co-fondateur de Clevermate

Car les inégalités sont bien là, à la fois sociales et territoriales ! De nombreuses études montrent une corrélation forte entre les inégalités sociales et les inégalités d’éducation. Cependant, ces études montrent également que le meilleur moyen de les résorber passe par l’éducation. Clevermate se place davantage dans une position de synergie que de confrontation avec le système éducatif publique. L’école républicaine n’a pas, par définition, vocation à traiter chaque particularisme et manquerait très certainement de moyens.

Il s’agit ensuite d’analyser les sous-jacents de la croissance de ce secteur. En cette période de crise économique, l’éducation et les diplômes restent un véritable passeport pour décrocher un premier job. Toutes les études le montrent, la meilleure protection pour l’accès à l’emploi reste les diplômes. Alors, financer l’éducation de ses enfants reste un investissement payant. En effet, les cours particuliers ça marche : 90% des parents usagers du soutien scolaire [… ] constatent une hausse sensible des résultats scolaires » (sondage IFOP,).

« Il y a une réelle élasticité des notes de mes enfants depuis l’intervention d’Alexandre »

Guy, client de Clevermate.fr

étudiant_cours_particuliers

Il s’agit essentiellement de passer du temps sur les difficultés de l’élève afin de désamorcer les points de blocages. Les enfants d’enseignants sont ceux qui réussissent généralement le mieux leurs études. Or il ne s’agit pas d’une catégorie particulièrement aisée de la population. Il apparaît donc que la capacité à aider et le temps consacré au suivi par les parents contribuent à améliorer les performances scolaires. Est-il choquant de vouloir bénéficier des même avantages que les enfants de profs ?

Parallèlement, en quelques mois, plus de 2000 étudiants ont rejoint Clevermate ce qui démontrent un besoin réel du coté des étudiants. Le coût moyen des études supérieures en France n’a cessé d’augmenter au cours des dernières années alors que leur durée s’est rallongée. Ainsi, un grand nombre d’étudiants se voient dans l’obligation de prendre un emploi à temps partiel pour financer leurs études et les cours particuliers restent un excellent moyen de valoriser leurs compétences.

Une plateforme au service de tous

La numérisation du secteur a permis de baisser fortement les coûts de transaction et rend du pouvoir d’achat aux ménages. Les prix chez Clevermate sont fixés par les étudiants eux mêmes, ils commencent aux alentours de 15€/heure pour des collégiens, les cours peuvent se faire à plusieurs pour réduire la facture et sont soumis à des réductions d’impôts.

« Nous essayons d’innover en apportant de la transparence, de la proximité et des prix abordables pour tous. Par ailleurs, la proximité générationnelle motive les élèves et permet d’instaurer une certaine complicité et un climat de confiance. »

Les élèves n’ont pas vocation à substituer l’école par des cours particuliers mais bien de se remettre sur les rails, tandis que les étudiants y viennent pour répondre à un besoin financier provisoire et à une envie de partager et de transmettre, avec un objectif : permettre à d’autres de réussir à leur tour. Il nous reste à développer ces services sur l’ensemble du territoire, sans exception et à trouver des solutions innovantes pour démocratiser plus encore l’accès. En attendant, ne cédons pas aux raccourcis et généralités…

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